Au-delà de la pénétration
- Manu
- 5 juil.
- 2 min de lecture
Martin page, Au-delà de la pénétration, Le nouvel Attila, 2020
p.29
On ne résoudra pas tout dans le temps présent. Mais, sans juger, sans renoncer à ce qu’on aime avec évidence, on pourrait introduire autre chose, de la variété, de la liberté, de l’invention dans nos sexualités. Au moins, commencer et esquisser. Que la sexualité devienne aussi un lieu de l’imagination et de la parole échangée. Une sexualité libre ce n’est pas soit ci soit ça. Ça peut-être ci et ça.
p.30
J’écris ce texte pour m’éduquer, m’ouvrir, apprendre à ne pas suivre mes réflexes (aussi plaisants soient-ils), désobéir à mes impulsions premières et à mes habitudes culturelles.
p.31
Les pratiques sexuelles ne sont pas gravées dans la pierre : elles sont un fait social, par nature évolutif. L’excitation de la domination sexuelle est liée à l’histoire de l’oppression des femmes par les hommes. Si cette oppression vient à disparaître à force de luttes, on peut imaginer que l’excitation liée à la domination disparaitra peu à peu. D’autres désirs naîtront et d’autres plaisirs s’inventeront, dont peut-être nous n’avons pas idée.
p.34-35
Ne pas pénétrer est le signe d’une sexualité artiste, car les artistes sont habitué.e.s à tirer liberté et idées de contraintes apparentes.
Il ne s’agit pas de faire de la non-pénétration le nouvelle règle obligatoire, de remplacer une norme par une autre, mais de l’inclure dans les actes possibles de l’amour physique, avec la même importance que la pénétration. Que la pénétration vaginale (ou anale) ne soit plus l’alpha et l’oméga. Que l’absence de pénétration ne soit pas vécue comme un échec. Détendons-nous, donnons-nous du plaisir, prenons-en. Je me doute qu’il faudra encore quelques dizaines d’années avant que les choses changent. Les mots précèdent l’action. Nos corps sont encore des territoires à découvrir et la rencontre de nos corps un phénomène à peine pensé.

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