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  • Photo du rédacteurManu

Humidité & humilité

Dernière mise à jour : 12 févr. 2019

Ni trop, ni trop peu…


Pour parvenir à réaliser un bol, le potier a besoin en premier lieu de terre et d’eau. S’il travaille au tour, il lui faudra la bonne vitesse de rotation pour élever les parois de son contenant. Car c’est bien cela que le potier fabrique : une forme qui contient, une prolongation de ses propres mains. Comme il ne peut les prêter à tout le monde il passe par la terre pour nous donner cette forme, cette combinaison de plein et de vide.

Cette tâche terminée, il laisse le soin à l’air de récupérer l’eau. Puis l’air de nouveau est convoqué pour nourrir le feu indispensable à la cuisson.

Le bol qui en sortira vivant, sera une représentation parfaite de toutes ces associations délicates mais parfaitement réussies par la présence consciente du potier.

L’union juste des quatre éléments pour faire le plein donnant une place au vide. Un bol est en quelque sorte un réceptacle à la potentialité, au possible.


« Nul ne transmute aucune matière s’il ne s’est transmuté lui-même. »

Paracelse


« La mémoire de la porcelaine est redoutable. La structure obtenue tend à revenir vers sa forme de départ. Pendant le montage, tout mouvement de pression ou de relâchement doit s'accomplir insensiblement, mais sans hésitation. Toute brusquerie est un traumatisme, toute faiblesse est une démission qui s'inscrit dans la matière comme dans le vécu d'un être. La cuisson, comme la vie, se chargera de tout faire ressortir. Le jour où l'on connaît suffisamment sa porcelaine pour prévoir ses réactions, respecter son tempérament, tourner devient un bonheur absolu. La blancheur de la pâte, la douceur de son toucher, sa réponse au moindre geste rendent le tournage comme transparent. Il n'y a plus la main du dehors et celle du dedans. Il n'y a plus d'argile, mais simplement du vide en train de prendre forme. »*


« En ce début de XXIème siècle, la question de l'avenir de la poterie et de son sens se pose avec d'autant plus d'acuité que les ateliers de tradition, les écoles, les boutiques, les galeries consacrées à cet art ont pour la plupart disparu. Faut-il que le potier devienne un designer qui délègue à l'industrie le soin de réaliser ses projets? Ou qu'il quitte définitivement la notion de fonction pour se consacrer à l'expression, au concept? Doit-il même faire le deuil de son attachement à ce matériau spécifique - la terre – pour trouver sa liberté dans la mixité des techniques, au gré de l'inspiration? Ou y a-t-il encore, au cœur même de la poterie, de ses formes de sa fonction et de ses outils les ressources cachées d'un art à venir? »*


*Jean Girel, La sagesse du Potier, L'œil neuf éditions, 2006.



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