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SÉNÈQUE

SÉNÈQUE, Lettre à Lucilius :


95.10-11, traduction Noblot revue Veyne : « D’ailleurs il n’est pas de science spéculative qui n’ai ses dogmes pour lesquels les Grecs ont un terme, dogmata, rendu en latin par divers équivalents, decreta, scita, placita, et que tu rencontreras dans la géométrie, dans l’astronomie. Or, la philosophie est à la fois spéculative et active : elle contemple et agit dans le même temps. Tu te trompes, si tu penses qu’elle ne s’emploie pour toi qu’à une besogne terrestre : elle aspire plus haut. J’explore, dit-elle, tout l’univers. Je ne me cantonne pas dans le commerce de la famille humaine. Vous conseiller, vous dissuader ne me suffit pas. De hauts objets me réclament, qui vous dépassent. »


Lettre 119 : Qu’on est riche quand on commande à ses désirs : « […] En effet, cher Lucilius, nulle différence entre ne pas désirer et posséder. Dans les deux cas le résultat est le même, des tourments de moins. […] »

« […] Ainsi tu juges pauvre celui qui n’a faute de rien ? « Le mérite, dis-tu, en est à lui, à sa patience, non à sa situation. » C’est donc que tu ne le crois pas riche, par la raison qu’il ne saurait cesser de l’être ? Lequel vaut mieux d’avoir beaucoup ou d’avoir assez ? Qui a beaucoup désire davantage, preuve qu’il n’a point encore assez. Qui possède assez a obtenu ce que jamais riche n’a atteint, le terme du désir. Tu ne crois pas aux richesses du sage ! Est-ce parce qu’elles ne font proscrire personne ; parce qu’elles ne poussent point le fils à empoisonner son père, et la femme son mari ; parce que dans la guerre elles sont à l’abri, et dans la paix libres de soins ; parce qu’elles ne sont ni dangereuses à posséder, ni fatigantes à régir ? […] » (1)


Lettre 98 : Ne point s'attacher aux biens extérieurs. L'âme, plus puissante que la Fortune, se fait une vie heureuse ou misérable : « […] Ce n’est pas que je te prêche ici l’insouciance. Loin de là, prends garde aux écueils ; tout ce que la sagesse peut prévoir, prévois-le ; observe, détourne bien, avant qu’il n’arrive, tout ce qui peut te porter dommage. Pour cela même rien ne servira mieux qu’une confiance hardie et une âme d’avance cuirassée contre la souffrance. Qui peut supporter les coups du sort pourra les éviter ; et ce n’est pas dans un tel calme qu’il soulève les orages. Rien de plus misérable et de moins sage qu’une crainte anticipée. Quelle est donc cette démence de devancer son infortune ? […] » (1)




SÉNÈQUE, De la vie heureuse :


Chapitre l : « Rien donc n’est plus important pour nous, que de ne pas suivre, à la manière du bétail, la tête du troupeau, en passant, non par où il faut aller, mais par où l’on va. Or, il n’est chose au monde, qui nous jette dans de plus funestes embarras, que l’usage où nous sommes de nous façonner au gré de l’opinion, en regardant comme le mieux ce qui est reçu par un grand assentiment, et ce dont nous avons des exemples nombreux ; c’est vivre, non suivant la raison, mais par imitation. » (2)


Chapitre XXI : « […] "Pourquoi celui-là est-il plein d’ardeur pour la philosophie, et vit-il en homme si opulent ? Pourquoi dit-il qu’on doit mépriser les richesses, et en a-t-il ? La vie doit être méprisée, suivant son opinion, et cependant il vit ; la santé doit être méprisée, et cependant il la ménage avec le plus grand soin : c’est la meilleure, qu’il veut de préférence. […] Oui sans doute, il dit que ces choses-là doivent être méprisées : ce n’est point pour ne les avoir pas, c’est pour ne pas les avoir avec inquiétude. Il ne les chasse pas loin de lui ; mais pendant qu’elles s’en vont, il les suit par derrière avec sécurité. Et, en vérité, où la fortune déposera-t-elle plus sûrement les richesses, que dans un lieu d’où elle doit les retirer sans que se plaigne celui qui les rendra ? […] » (2)



(1) SÉNÈQUE, Lettre à Lucilius, Hachette, 1914, 2 (pp. 428-431). Traduction par J. Baillard (fr.wikisource.org, consulté le 16/03/18)

(2) SÉNÈQUE, De la vie heureuse : fr.wikisource.org, consulté le 16/03/18)




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